Voyage en Antarctique
Voyage en ALASKA à bord du Manguier
Le Karain de Port-Miou à Macinaggio
NOUVEAU Winston Churchill Peint la Côte d'Azur
Le voyage en ANTARCTIQUE (24 Novembre-10 Décembre 2016),
de JOSYANE et GERARD
Le Soleal, petit paquebot de la Compagnie du Ponant (142m de long et 18m de large), nous attendait à Ushuaïa. Les deux cent passagers sont pris en charge par l’équipage de cent quatre vingt personnes, dont dix naturalistes avec chacun sa spécialité (oiseaux, baleines et orques, manchots, géologue, climatologue, etc…). Après une visite de la ville (sans intérêt), le navire appareille à 19h, la sortie du canal de Beagle dure quelques d’heures et nous entrons dans l’atlantique avec une vue lointaine sur le cap Horn. Le commandant affiche fièrement le pavillon breton à l’étrave du navire et met le cap au nord-est en direction des Falklands ( Malouines). Il fait un temps superbe, mer calme pendant les deux jours de traversée. Ils sont consacrés à l’observation des oiseaux qui viennent pêcher dans le sillage du bateau les calamars et les poissons. En particulier nous voyons des Albatros hurleurs (parmi d’autres) ; ils peuvent faire 3,50m d’envergure, ce sont des planeurs incroyables qui ne touchent pas terre pendant six ans, capables de faire 1000 kms par jour (365.000 kms par an!), avant de revenir sur leur lieu de naissance quand ils ont atteint leur maturité sexuelle. Et puis, des Petrels, des Puffins, des Sterns en grand nombre ; et puis des Baleines et des Orques… Les conférences s’enchainent, il y en aura deux chaque jour pendant la croisière.
Le navire mouille à Grave Cove au nord-ouest d’une des deux grandes iles des Falklands, inhabitée sauf un couple d’aventurier français qui s’est installé là en achetant un terrain de 17.000 ha pour un pesos symbolique. C’est l’été, la température est de 10°, l’eau est à 7°. Il n’y a pas d’arbres, des buissons et des fleurs, quelques moutons. Nous découvrons les premières nichées d’oiseaux, les premiers manchots et les rapaces Caracara.
Le Soleal appareille en fin de journée, contourne pendant une dizaine d’heures la totalité des Falklands avant de prendre un cap ESE en direction de la Géorgie du sud ; sa vitesse de croisière est de 15 nœuds, il y a plus de 900 milles et il faut deux jours et demi pour atteindre le premier mouillage, dans la baie de Fortuna (54°08’ S – 36°48’ W).
Nous resterons trois jours dans les iles, anglaises, visitant les anciennes bases de la chasse à la baleine à bosse, maintenant désaffectées, spectacle ahurissant d’usines de métal rouillé, accueillant quelques scientifiques l’été. Et surtout nous découvrons la concentration exceptionnelle d’oiseaux des hautes latitudes, les immenses colonies de 450.000 manchots royaux venant se reproduire chaque année et les imposants éléphants de mer. Dans le dernier mouillage dans la baie de Cooper (54°37’ S – 35°48’W) nous voyons les premiers glaciers qui tombent dans la mer.
Le soir du 7ème jour, le 1er décembre, après la visite spectaculaire du fjord Drygalski dans lequel se jette une demi-douzaine de glaciers qui rendent glacial le vent qui souffle, le bateau met cap au sud en direction de la péninsule antarctique. Nous mettrons deux jours et demi pour parcourir les 900 milles et le navire mouille à Brown Bluff (63°30’S – 56°52’ W) dans le détroit de l’antarctique. Nous touchons enfin la terre, ou plutôt la glace promise.
Nous visitons d’importantes colonies de manchots Adélie et Papou, faisant bon ménage avec des phoques de Weddell et les éléphants de mer. Ce qui est extraordinaire c’est que nous débarquons de nos annexes semi-rigides au milieu de tous ces animaux. Nous sommes très encadrés par les naturalistes qui ont balisé le parcours de la ballade en prenant garde de ne pas inquiéter les mastodontes qui sont vautrés sur la plage et qui peuvent être très dangereux. Les manchots, curieux, s’approchent de nous de leur démarche hilarante, comme pour papoter. Il faut se tenir à l’écart pour ne pas les habituer à une présence humaine. Ils sont chez eux en liberté, nous sommes de passage.
Pendant trois jours nous naviguons sur la côte ouest de la péninsule antarctique et, de mouillage en mouillage, nous allons vivre entre glace et ciel. Le commandant, intrépide, pousse la glace et slalom entre les gros icebergs. Il n’hésite pas à nous appeler à quatre heures du matin pour voir un groupe d’Orques blancs et noirs qui jouent devant l’étrave.
Le six décembre nous mouillons au milieu des glaces et des icebergs bleus à Neko Harbour, l’escale la plus sud de notre expédition (64°50’S – 62°32’W), pour nous régaler des élégants Manchots Jugulaires et des petits Adélie . Puis nous allons à Port Locroy, ancienne base des forces armées britanniques devenu site historique et composée d’un musée, d’un bureau de poste (le plus sud de la planète !) et d’un magasin de souvenirs. Durant l’été austral, il est gardé par une équipe de trois à quatre personnes. L’objectif est de préserver la station et de donner aux visiteurs une idée des conditions de vie dans une station antarctique comme elles étaient dans les années cinquante.
Le retour vers Ushuaîa par le passage de Drake, long de presque 700 M, cap au nord, se fait dans des conditions idéales, peu de vent et quand même une houle de six mètres de creux, mais le bateau est d’un confort exceptionnel et ne bouge pratiquement pas. Ce sera l’occasion d’assister aux dernières conférences notamment les conséquences du réchauffement climatique. Nous débarquons à Ushuaîa après une expédition de 3380 milles sur un territoire totalement préservé qui nous a enchantée.
Le continent antarctique est grand comme deux fois l’Australie; il est recouvert de glace représentant 90% de l’eau douce de la planète. Ces dernières années des plateformes glaciaires recouvrant de larges baies de plusieurs milliers de km² ont cédées, laissant partir à la dérive d’énormes icebergs. Dernièrement le NASA a détecté, grâce à un satellite, une fissure de plus de 100 kms sur la plateforme LARSEN 3. Les deux premières parties de la plateforme Larsen 1 et 2 se sont déjà détachées les années précédentes. Ce phénomène n’est pas encore expliqué; ce pourrait être la présence de courants chauds qui mineraient les plateformes par-dessous, ou l’acidité de l’eau due à l’accroissement du CO² ; les plateformes se trouveraient alors en porte à faux et se briseraient. Le problème est que ces plateformes sont des verrous en bas des glaciers continentaux. La disparition des plateformes entrainerait la fonte des glaciers, faisant monter le niveau de la mer de plusieurs mètres. Une expédition international de quarante scientifiques vient de commencer un tour de l’antarctique de trois mois et il est certain que nous entendrons prochainement parler de ce phénomène.
Gérard Plaisant, 10 janvier 2017
Récit (Avril-Mai 2013) :
"Le voyage en ALASKA de Robert et Noura à bord du Manguier".
Récit (17/11/2012) :
"Le KARAIN, de Port-Miou à Macinaggio".