Le 6 Novembre: 2e tour du challenge d'automne. Récit de Pierre-Pascal à bord de NOVAE
J’arrive un peu en avance ce Dimanche matin et j’ai enfin le temps de prendre mes gants dans mon bateau. Il est 10h, tout les équipiers et skippers sont réunis devant le club, écoutant attentivement David Bossy qui, du haut de la marche d’escalier nous explique le parcours et la procédure. Il y a comme un aspect religieux ou spirituel ce matin. Nous sommes repartis sous vent d’est-sud-est, on dirait qu’il y a 10-15 nœuds de vent. Selon la météo, le vent devrait faiblir. David nous explique donc que nous ferons un ou deux aller-retours, Cacau-Cassidaigne, si le premier parcours sera accompli par le premier avant 13h.
A bord, nous avons un petit nouveau, Geoffroy, passionné de voile et voisin de David. Il a fait plusieurs stages aux Glénans et il est prêt à en découdre. Gilbert, en pleine forme nous rejoint aussi. Nous préparons le Spi, barbers et autres écoutes pour le retour de la Cassidaigne, au portant.
Ondulat ne sera pas au départ. En revanche Figolo (le Figaro) et Attila sont là. Nous notons aussi Keep Cool, Canaille, Spicy, Epicure, Sialto et Palnivo (j’adore ce nom). Nous sommes 9 voiliers au départ.
Départ qui pour nous sera bien mouvementé, Gilbert est à la barre, ce qui nous rend bien service. David était occupé à donner la procédure de départ et aux voiles, et nous, chargés des voiles, avons un peu cafouillé. Bon je dis nous, mais je devrais dire, moi… La drisse de l’inter (voile d’avant entre le génois et le foc) était emmêlée, j’ai surpaté au winch, et on a oublié de parler avec Gilbert, lui donner les temps (david était dans le bateau pour donner la procédure et nous dans le vent) et lui permettre de se placer comme il faut lors de la préparation. On est donc en dernier au top départ. Je reviendrais sur ma performance du jour plus tard… je suis un peu ronchon.
On a bien 10 nœuds voire plus plutôt orienté Sud d’ailleurs. Il y a quelques nuages d’altitude, donc le soleil est là mais n’est pas trop fort non plus. Conditions très agréables, les Soubeyranes toujours aussi souveraines. Nous sommes donc au prés, direction la Cassidaigne, que nous laisserons sur bâbord. .
Pendant le premier aller vers la Cassidaigne, Gilbert barre toujours, il peste contre le vent qui s’amuse tantôt à refuser tantôt à adonner. A l’avant, David explique à Geoffroy l’organisation du spi, du tangon, barbers et des divers boutes et écoutes nécessaires à son fonctionnement etc.. J’avoue que tout néophyte que je suis, j’apprécie aussi les explications. Nous ne ferons finalement que deux virements de bord, grâce à l’adresse de Gilbert qui a bien réussi à négocier le vent.
Le passage autour de la Cassidaigne se fait sans encombre, le retour au spi très linéaire, David gère l’écoute et le bras de spi. Nous descendons donc directement sur la bouée de Cacau, sans avoir à changer de bord. Pendant ce temps Geoffroy nous raconte ses stages aux Glénans, notamment celui où ils ont appris à gérer un voilier en tempête. Le but du stage était de tenir le plus longtemps possible dans la tempête, avec des creux de 4m. Au bout de 3 jours leur moniteur aura décidé de ne pas aller jusqu’au bout des 5 jours prévus, étant donné que plus personne n’était en état de faire la vaisselle, le ménage ou de comprendre quoi que ce soit. d’ailleurs les toilettes étaient dans un sale état, d’après les photos que Geoffroy nous a montrées… Geoffroy nous montre aussi des vidéos lors d’un quart de nuit, où son co-équipier barre, sourit et vomit tout en se prenant une énorme vague sur la tronche… Ça me fait rêver.
De notre coté, sur la grande bleue, la mer est calme, le vent est plutôt calme et le passage à la bouée se fait bien, nous sortons le génois, affalons le spi et repartons au près pour un deuxième passage sur la Cassidaigne. Le vent ne coopère pas trop cette fois-ci, il est carrément au sud-sud ouest et nous force à tirer des bords. Nous enroulons à nouveau la Cassidaigne, retour du spi, manœuvre pépère. Nous n’avons que 5-6noeuds, le spi n’est pas super efficace, d’autant qu’on a le vent en travers et il a la fâcheuse tendance à se barrer à coté de la GV. Ce n’est pas un génois non plus. Nous on galère, et Figolo est déjà arrivé. Attila n’est pas loin derrière. Nous sommes inquiets du peu de vent, et décidons de sortir un autre spi qui se cachait dans les coffres du bateau, celui là est plus gros, on pourra peut être s’en sortir?
Ben non, on sera dernier. Une heure et sept minutes après le Figaro… Pour nous consoler nous nous disons que l’important est de participer. Qu’il a fait un super temps, que d’autres ne sont pas sortis aujourd’hui, comme Eridan à qui nous devons une revanche.
A l’arrivée, nous affalons le spi, enroulons le génois, affalons la GV, David s’agace…
Je vous disais plus haut que j’avais surpaté et un peu cafouillé au départ… et bien…
En fait, là, je réalise (enfin David me fait remarquer) que certains gestes habituels que j’ai sur mon voilier (qui a le winch des drisses de GV et génois au pied du mat) ne sont vraiment pas conseillés pour le type de voilier de régate. Par exemple, sur mon bon Lotus, je suis obligé de lover ma drisse de GV au pied du mat, pour qu’elle ne parte pas n’importe où (par exemple sous le bateau droit vers l’hélice). Sur le Sélection, tout est ramené au cockpit, et la drisse de GV est envoyée telle quelle dans la descente. En effet, il faut impérativement pouvoir mobiliser la GV le plus vite possible si une urgence se présente. Croyant bien faire, j’avais lové tendrement la drisse et David, qui a l’habitude de la voir libre dans la descente, n’a pas du tout apprécié quand, essayant d’affaler rapidement la GV avant de rentrer, a vu monter une grosse chaussette vers le taquet…
“Mais…. qu’est-ce que c’est que ça!!! Qui a fait ça?”
je réponds “… moi…” un peu honteux.
“Il faut que tu arrêtes de faire ça Pierre-Pascal, c’est dangereux…” dit-il.
“… je ne le referai plus”, je réponds vexé.
Bougon, je me dis que non, je ne suis pas idiot, que j’ai mes raisons et que j’ai pas bien dormi et puis il fallait me le dire avant aussi, et puis … Bon on en apprend tous les jours, surtout en voile. D’ailleurs, imaginez vous en pleine urgence, genre en pleine tempête, un homme à la mer, devoir affaler la GV en catastrophe et trouver la drisse coincée dans les taquets… Finalement je préfère apprendre ce genre de leçon par temps calme.
Je passe la course poursuite entre notre barreur avec un bateau de visite des calanques (il semblait vouloir nous rentrer dedans), l’engueulade avec le pilote de ce bateau, le cafouillage qui en a résulté, puis celle d’un équipier et du pilote d’un autre voilier qui nous a fait un demi-tour surprise juste devant nous en nous a coupant la route… Les retours dans la calanque sont souvent intéressants avec tous ces visiteurs, mais on ne va pas en faire un plat, la vie est belle. Surtout à Port Miou.
Pierre-Pascal